Jeu de dupes

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Les “dupes” connaissent un succès grandissant sur TikTok (#dupe, #dupechallenge), sur des sites dédiés (comme undonebeauty.com), ou dans des magasins à bas prix comme Normal ou Primark, où ces imitations se vendent aujourd’hui sans complexe. Ces différents acteurs assument au grand jour leurs ventes exponentielles.

En effet, le terme « assumer » prend ici tout son sens. Un “dupe” – ou duplicate – est une imitation d’un produit de luxe (souvent dans les secteurs de la mode et de la cosmétique), vendue à une fraction du prix original. L’idée est d’imiter sans chercher à tromper : « On s’inspire mais on ne fait pas passer pour l’original, donc ce n’est pas de la contrefaçon. », « Les consommateurs savent qu’ils achètent une alternative et non la version authentique. ».

Par exemple, un parfum comme Cash Woman, vendu chez Normal, est vanté pour « sentir aussi bon que Lady Million® de Paco Rabanne » et coûte huit fois moins cher. Ou encore, certains sacs Zara qui reprennent discrètement des détails caractéristiques des sacs Prada…

Si l’imitation n’est pas nouvelle, elle est aujourd’hui complètement décomplexée : les fabricants la revendiquent, et les jeunes consommateurs se félicitent de pouvoir s’offrir un goût de luxe sans se ruiner, valorisant presque cet accès astucieux. On est loin de l’image honteuse de la contrefaçon.

Les dupes se sont institutionnalisés, propulsés par les réseaux sociaux : comparateurs de dupes (Dupethat), influenceurs incontournables, hashtags comme #DupeChallenge (pour trouver le meilleur dupe), et moteurs de recherche spécialisés comme Dupe.com.

Quant à la qualité ou la sécurité des ingrédients dans les cosmétiques, elle passe souvent au second plan, et cette frénésie d’achat contraste avec les engagements écologiques affichés par de nombreux jeunes acheteurs.

Pour lutter contre cette tendance, il reste possible de recourir aux actions fondées sur le parasitisme, la concurrence déloyale, ou l’atteinte au savoir-faire et au secret des affaires.

Quelques exemples récents :

  • En 2022 et 2021, la Cour d’Appel de Paris a statué en faveur de designers contre Zara/Inditex et Mango/Punto.
  • La marque danoise Rains a remporté une victoire contre Zara pour des copies de ses parkas.
  • L’Oréal est toujours en litige depuis 2019 contre Drunk Elephant pour un de ses sérums copiés.
  • Une ironie : Zara, à son tour, se retrouve « dupée » par Shein.

Et si l’on apprenait dès l’enfance à identifier imitations et contrefaçons, en s’inspirant des campagnes américaines comme celle de « Mc Gruff the Crime Dog » et son message « You’re smart, Buy smart » (« Tu es intelligent, achète intelligemment »).

 

Sylvie BOYER, Paralégale chez Mark & Law

 

Sources :
– Podcast Radiofrance.fr – Marion Mariani
– Thomas Gaetner « Ne soyez pas dupes ! »
– # @dnicheuse – TikTok
– Fashionnetworks.com
– LexisNexis – chroniques août 2022 : Cours d’appel de Paris – 01/02/2022 – numéro 20/03318 : Sarl Zara France/Sa Inditex contre Sa Christian Dior Couture ; Tribunal de commerce – 20/09/2021 – numéro 2018026040 : Sa Céline contre Mango France et Punto.
– Mc Gruff the Crime dog – ncpc.com